lundi 10 juin 2019

Un divorce professionnel.

On m'avait dit un jour que l'association en libéral, c'est pire que le mariage.
Peut-être...

Source de l'image : un site d'avocat américain 


Suite de mon blog...après une longue pause.
Je pourrais évoquer tout un tas de raisons à ce silence.
Les blogs, ça n'est plus à la mode. La twittosphère évolue. Manque de temps.
En fait la principale raison est que ça a été très difficile, à un point que je n'étais pas en mesure de le raconter publiquement.

Pour ceux qui (re)découvre le blog, je vous encourage à (re)lire surtout le début.

En quelques mots, je décrivais ici la genèse d'un projet d'installation en médecine générale rurale, en Maison de Santé Pluriprofessionnelle (MSP). A quel point la Médecine Générale en tant qu'installé ça me plait. A quel point je trouvais ce projet beau. A quel point j'étais motivé pour faire face à l'adversité.
Une belle histoire qui commençait, 4 jeunes amis médecins (2 couples) qui s'installaient suite au départ de 2 anciens, + 1 autre poursuivant avec nous. nb : 2 couples découvrant de manière concomitante la parentalité (avec impact marqué sur le manque de sommeil) et l'installation, en parallèle de problèmes personnels.
J'ai pu écrire sur ce blog quelques états d'âmes, des galères.
Mais toujours je gardais un certain optimisme. Cet optimisme voulait être contagieux, que par cette lecture, d'autres collègues soient inspirés.

C'est pourquoi, par honnêteté pour ceux qui reviendront ici, je ne peux pas ne pas évoquer comment les difficultés connues ensuite.


Donc la suite du Premier Bilan.


J'y évoquais quelques difficultés de communication. C'était en fait plus grave que je ne le pensais.
A peine 2 mois après cet article, un gros clash a éclaté.

Une de nos jeunes associés était en souffrance, tant sur le plan professionnel que personnel.
Même en en ayant la volonté, nous n'avons pas réussi à comprendre cette souffrance, au contraire, nous y avons probablement contribué de différentes manières, entre autre en se focalisant sur la réussite de ce projet de MSP.
Ce projet a nécessité beaucoup d'énergie, s'est monté très vite, avec peu d'aides, peut-être trop d'investissement de la part de chacun, sans peut-être connaitre bien nos limites.

Sa souffrance a pris une ampleur très importante, elle a dû cesser son activité moins de 9 mois après son installation. Ce départ s'est accompagné d'une forte culpabilisation.

La cause évoquée étant la pression trop importante provoquée par "les leaders" du projet et de sa gestion. Les "leaders" c'est à dire à ce moment de l'histoire : une paramédicale, très motivée, avec un caractère trempé ; ma femme/associée, qui elle aussi ne comptait pas les heures malgré un contexte douloureux (perte de son père) ayant peut-être un impact sur son humeur et son degré d'investissement ; et par association, moi, qui comme évoqué dans l'article du premier bilan commençait à peine à souffler mais était moins investi dans la gestion.
Un "sentiment" de persécution était apparu dans l'ombre, qu'on ignorait totalement, bien qu'on remarquait déjà des signes de souffrance, ce qu'on lui a évoqué en proposant parfois d'en parler, sans succès. Jusqu'à ce que ça explose.

Et sincèrement, quand on fait nous rejoindre des amis envers lesquels on a beaucoup d'estime, dans le but de faire de belles choses ensemble, et que finalement on se retrouve coupable de leur douloureux échec, on s'en veut beaucoup. Briser le bonheur d'amis... :-(
Quand en plus on reçoit de la part d'un de ces amis des accusations insistantes, c'est très difficile, on a du mal à faire la part des choses, si on l'estime vraiment on ne peut ne pas y accorder de crédit. Et à ne pas se trouver monstrueux, quoique les autres puissent nous dire.

Car oui, on nous a beaucoup dit par ailleurs de relativiser ces accusations, qui auraient étés déformées par une souffrance d'un autre ordre, on ne voulait pas se permettre de remettre ses dires en cause.
Et quoi qu'on tentait de faire pour essayer d'améliorer, de s'excuser, de rattraper, cela ne faisait que renforcer le sentiment de persécution, et augmenter la souffrance de tous.
Enfin, la personne qui souffrait le plus, ce n'était pas nous, mais elle. Et tout le monde dans la MSP souffrait par compassion.

Ce cercle vicieux n'a malheureusement pu avoir d'autre issue que par sa fuite.
Son mari a continué avec nous 1 an et demi de plus dans une relative entente, car il restait malgré tout attaché à ce projet, à son travail, à ses patients, mais ce n'était pas tenable de rester distant au quotidien de sa femme en souffrance et son jeune enfant.

...

La cicatrisation a été difficile.
Je pense tout d'abord à eux, lui s'est réinstallé près de sa famille à elle, j'ai peu d'autres nouvelles, je souhaite de tout mon cœur qu'ils trouvent l'équilibre et le bonheur qu'ils méritent.
Ma femme et moi... ça a été long, et on en garde encore un souvenir douloureux. Une forte remise en cause en tout cas. On voit les choses autrement, pour en garder un peu de constructif, il faut apprendre de ses erreurs.
La MSP... le choc a été intense. On a pu rebondir.
Je développerai ça bientôt, quelques articles suivront.



C'est toujours dur un divorce.

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